DÉCOUVERTE MAJEURE POUR DÉPOLLUER L'EAU

© 2018 Le Nouvelliste/Archives

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Un matériau révolutionnaire qui dépollue l’eau développé en Valais.

Un nouveau matériau qui élimine les métaux lourds de l'eau a été mis au point dans les laboratoires de l'EPFL Valais à Sion. Les premiers tests sont concluants. La découverte pourrait transformer la vie de millions de personnes dans le monde.

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«C’est une grosse avancée dans l'élimination des métaux lourds présents dans les eaux polluées», se réjouit Marc-André Berclaz, directeur opérationnel du pôle EPFL Valais. Une grosse avancée qui a été réalisée dans les laboratoires sédunois de l’EPFL.

Dépolluer l’eau en quelques secondes

La découverte permet de rendre potable de l’eau polluée par des métaux lourds. Et en un temps record. «Des chimistes de l’EPFL ont développé un nouveau matériau capable d’éliminer les métaux lourds dans l’eau et de la rendre potable en l’espace de quelques secondes», annonce le site Internet de la Haute école. Il est non seulement rapide, mais aussi peu onéreux, contrairement aux techniques existantes.

C’est le laboratoire sédunois de la professeure Wendy Lee Queen qui a travaillé sur cette solution, en collaboration avec l’Université de Berkeley et un laboratoire de cette ville californienne. Le nouveau matériau a été conçu par un doctorant de l’EPFL Valais, Daniel T. Sun.

Un composite peu coûteux

Ce matériau est un «composite stable dans l’eau, qui fait recours à des matériaux peu coûteux, respectueux de l’environnement et biologiquement inoffensifs».

Le système a été testé avec de l’eau du Rhône, mais aussi avec de l'eau de mer et avec celle tirée d’une step pour retirer le plomb, indique encore le Service de presse de l’EPFL. Un essai a aussi été mené aux Etats-Unis, avec les pires échantillons possible contenant des métaux lourds. En quelques secondes, l’eau est devenue potable.

«C’est très très prometteur», commente Marc-André Berclaz, puisque des millions de personnes sont privées d’eau potable dans le monde en raison de pollution aux métaux lourds. «Pour l’instant, la molécule développée a été conçue pour éliminer le plomb, qui est très répandu dans l’eau dans les pays en développement ainsi qu’aux USA.» La molécule développée en Valais peut être modifiée pour agir contre d’autres métaux comme le mercure, dès lors qu’ils sont présents dans l’eau.

Déjà un intérêt industriel

Lorsqu'une telle découverte est réalisée, «le premier but est de publier le résultat», déclare Marc-André Berclaz. C’est chose faite pour le piège à métaux lourds. «Ensuite, il faut passer à la phase industrielle. Dans les laboratoires de l’EPFL, nous savons produire des grammes, il faut ensuite passer à des kilos.»

Sitôt la publication faite, la molécule piégeant les métaux lourds a attiré l’attention. «Nous avons déjà eu un contact avec une entreprise romande», indique le directeur du pôle EPFL Valais. Les plus grands espoirs sont donc permis.

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La professeur Wendy Lee Queen a fait de la dépollution de la planète la priorité de ses recherches sur le site d’Energypolis à Sion. «Comme les transitions énergétiques évoluent lentement, nous allons consommer des énergies fossiles pendant encore des années. En parallèle au développement des énergies renouvelables, il est donc impératif que nous commencions également à chercher de nouvelles technologies qui viseraient à capter une partie des émissions de CO2 pour les reconvertir en énergie.» En effet, en plus de mettre sur pied ce matériau qui élimine rapidement les métaux lourds, la chercheuse s’intéresse aussi à capturer du CO2 pour ensuite le transformer en énergie utilisable. Pour y parvenir, elle et son équipe travaillent sur une forme de matériau incroyablement poreux. Imaginez une super-éponge, avec de multiples anfractuosités, qui agrippe les molécules. «Les matériaux que l’on utilise ont énormément de surface. Plus il y en a, plus on peut stocker de CO2. Dans un gramme, il y a l’équivalent de 7000 m² de surface. C’est gigantesque!» Ensuite, il est important pour elle de pouvoir mettre son « éponge. » directement à la source. « On espère que notre filtre sera installé dans des usines qui produisent beaucoup de CO2 ou directement sur des véhicules. C’est pourquoi, depuis plus d’une année, on est en contact avec de grosses entreprises actives dans l’électronique ou l’automobile. » Le système est déjà fonctionnel. Wendy Lee Queen et son équipe s’occupent maintenant d’améliorer l’efficacité du processus grâce à un budget annuel de 750 000 francs. JR