Une start-up de l'EPFL Valais invente un nouveau type de stockage

© Héloïse Maret

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Avec l’avènement des énergies renouvelables, le stockage représente un défi technique et économique majeur, en particulier le stockage longue durée. On pense aux barrages, mais le Valais pourrait bientôt voir apparaître une autre option proposée par GRZ Technologies, une start-up issue de l’EPFL Valais.


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Comment stocker sa production d’énergie renouvelable d’une saison à l’autre? Cette question, tous les propriétaires de panneaux photovoltaïques se la posent. Les batteries qui existent sur le marché sont plus performantes, mais elles ne peuvent stocker de l’énergie efficacement plus de quelques jours. L’autre option consiste à injecter son surplus de production dans le réseau, pour ensuite le stocker dans les ouvrages de fond de vallées. Mais le petit producteur reste dépendant de son gestionnaire de réseau et du prix de rachat qu’il propose. 

Une troisième option pourrait bientôt voir le jour. GRZ Technologies, la première start-up issue de l’EPFL Valais, développe un nouveau type de batterie longue durée. Il serait donc possible de stocker le surplus d’énergie solaire produite durant l’été et de l’utiliser lors d’une froide journée hivernale, sans passer par le réseau. Comment? Grâce à un alliage de métaux capable de stocker efficacement de l’hydrogène.

Du métal bourré d’hydrogène

Les batteries classiques ne constituent qu’une réponse partielle aux enjeux du développement des énergies renouvelables. Face à ce constat, les cofondateurs de la start-up GRZ Technologies – Noris Gallandat, Krzysztof Romanowicz et le professeur EPFL Andreas Züttel – ont développé un nouveau système de stockage longue durée à l’hydrogène. «Grâce aux travaux du professeur Züttel, on a développé une solution qui consiste à stocker l’hydrogène dans un alliage de métaux standards. Celui-ci absorbe l'hydrogène comme une éponge absorbe l'eau», explique Noris Gallandat. Ce procédé permet de stocker une densité d’hydrogène largement supérieure à une bonbonne classique et ne présente aucun danger d’explosion. 

Vers l’autoconsommation

Comme d’habitude, c’est au niveau du prix que le bât blesse. GRZ Technologies imagine pouvoir le diminuer d’un facteur deux, voire trois, si les volumes augmentent, mais tout le monde n’est pas du même avis. Pour Joël Di Natale, directeur général d’Altis avec qui la start-up collabore sur un projet-pilote, la technologie est impressionnante, mais limitée à un marché de niche. «J’y crois dans un seul et unique cas, s’il y a une véritable nécessité opérationnelle. Je pense à un cabinet médical, des serveurs, un hôpital avec blocs opératoires, ceux pour qui la nécessité d’avoir de l’énergie 24 heures sur 24 est primordiale. Pour un foyer? Non, uniquement s’il y a un coup de cœur.» 

C’est justement ce levier que les cofondateurs entendent actionner pour démocratiser leur technologie. «Pour toucher les familles, nous devons nous adresser en premier lieu à celles qui sont prêtes à dépenser plus pour soutenir une nouvelle technologie en accord avec leurs valeurs», confirme Noris Gallandat. 

Une expertise difficile

Reste la question de la qualité technique. Pour Jakob Rager, directeur du Crem de Martigny, spécialisé dans la recherche énergétique en milieu urbain, il est difficile de juger. «Je peux uniquement affirmer que dans le stockage d’hydrogène, Andreas Züttel est une sommité. Le défi, c’est de passer à une technologie viable sur le long terme pour un développement commercial.» Car le besoin existe. Annuellement, la Suisse est quasiment neutre au niveau énergétique. Par contre, elle exporte en été et importe en hiver.