Des enseignants de gymnase en stage à l'EPFL
Cinq enseignants ont pu travailler un jour par semaine à l’EPFL durant le semestre d’hiver, dans le cadre d’un projet pilote du Département de la formation du canton du Valais et d’un partenariat avec le gymnase de Wohlen.
Objectif de ces stages, initiés et organisés par le Service de promotion des études de l’EPFL: donner aux enseignants des clés pour faciliter la transition de leurs étudiants entre le gymnase et l’école polytechnique. «Nous souhaitons mieux comprendre les exigences de l’EPFL envers nos diplômés et pouvoir adapter l’enseignement si nécessaire», explique Stéphane Dayer, délégué Ecole-Economie du canton du Valais.
Les participants de cette première volée se sont réunis vendredi 29 janvier à l’EPFL pour faire part de leurs impressions. Enseignante de biologie-chimie au collège de l’Abbaye de St-Maurice, Silvia Müller a travaillé comme assistante dans un cours de mise à niveau en biologie à l’EPFL. «Je voulais comprendre pourquoi certains de mes étudiants échouent à l’EPFL. J’ai réalisé que le problème allait au-delà de lacunes potentielles dans leur savoir, explique-t-elle. L’EPFL est un choc pour des jeunes qui ont l’habitude d’être plutôt maternés, et qui n’ont jamais eu à prendre des notes efficacement ou à préparer leur cours.» Suite à ce constat, elle a mis en place une activité de préparation pour ses élèves, avec une leçon « à la mode EPFL». «Cet exercice a donné lieu à des discussions très riches sur ce qui les attendait», se réjouit-elle.
Apprendre la méthode scientifique
Patrick Poscio est enseignant de physique au lycée-collège des Creusets à Sion. Son stage à l’EPFL lui a permis de travailler sur les lacunes méthodologiques des étudiants, en tandem avec Jean-Marie Fürbringer, chargé de cours à l’EPFL dans la section de physique. «Nous avons conçu une grille d’analyse qui permet aux étudiants d’appliquer la méthode scientifique à chaque problème », explique Patrick Poscio. Car le constat est sans appel: les étudiants sont pénalisés par leur manque de savoir-faire plutôt que par des lacunes dans les connaissances apprises. Des observations qui seront utiles aux deux enseignants, côté gymnase comme EPFL. «Cette collaboration est précieuse pour mieux comprendre les difficultés de nos élèves, et je souhaite que ces stages se généralisent», réagit Jean-Marie Fürbringer.
Professeur d’informatique et d’économie au gymnase de Brigue, Bernhard Britsch a travaillé dans le laboratoire de l’EPFL qui développe les robots éducatifs Thymio. «Cela m’a permis de faire un lien concret avec le gymnase, et de réfléchir à des scénarios pédagogiques possibles», souligne-t-il. Quant à Waldemar Feller, du gymnase de Wohlen en Argovie, il a travaillé comme assistant dans un cours de physique à l’EPFL. «En tant qu’enseignant de physique et de mathématiques, cette opportunité m’a encouragé à mettre l’accent sur certaines parties de mon cours, comme les vecteurs. J’ai aussi réalisé combien il est important que les étudiants travaillent dès le premier jour à l’EPFL, sans quoi ils ne pourront pas rattraper leur retard.»
Ces stages ont été perçus très positivement du côté de l’EPFL. «C’est une petite mesure avec des effets remarquables», réagit Hans-Jörg Ruppen, responsable du Cours de mathématiques spéciales. Un avis partagé par Jean-Philippe Ansermet, responsable de l’enseignement de la section de physique, qui estime que le lien avec les professeurs de gymnase est crucial pour l’école. «Ce programme est un véritable échange, et non pas une formation professionnelle à sens unique.»
Les participants à ce stage n’avaient qu’un regret: qu’il ne se soit pas déroulé sur une plus longue durée. Des modalités qui pourront être revues pour les prochaines volées, avec la participation potentielle d’enseignants d’autres cantons.